Enivrez-vous!
Il faut être toujours ivre, tout est lá; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.
Charles Baudelaire, Les petits poémes en prose
3 Comments:
Gosto!Vamos ver... o defeito é meu,será!...mas se é o meu número,se me ficam bem (ao tom),se gosto...fico com eles,os versos,obrigada!
Ana
:) Fica à vontade, Ana! Beijinho!
Wow, uma sannyasin (do Osho, creio eu) que lê Baudelaire. Belo gosto literário! :)
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